Témoignages

Emilie Ribeiro (PULSALYS)

30 mars 2018

Emilie Ribeiro, chef de projets en Sciences Humaines et Sociales au sein de PULSALYS, évoque pour nous l'intérêt de la Recherche et Développement dans le domaine de l'Innovation Sociale.

Pouvez-vous vous présenter ?

PULSALYS, la Société d’Accélération du Transfert de Technologie (SATT) du site de Lyon St-Etienne, a été créée en décembre 2013 à l’initiative du Programme d’Investissement d’Avenir. Elle fait partie du Réseau SATT regroupant 14 SATT sur l’ensemble du territoire national. Société par Actions Simplifiée (SAS) détenue par trois actionnaires publics (Université de Lyon, CNRS, Caisse des Dépôts et Consignations), PULSALYS a pour mission de transférer les technologies et savoir-faire issus des laboratoires de l’Université de Lyon vers la société civile, via la mise sur le marché d’innovations, pour contribuer au développement économique et à la création d’emplois. PULSALYS est l’une des premières SATT à intégrer un dispositif d’accélération dédié à la création de startups sur la base de ces projets innovants.

A Lyon, le dispositif mutualisé de transfert de l’Université de Lyon, Lyon Science Transfert, intégré à la SATT, a expérimenté la structuration d’une activité de valorisation des résultats de recherche issues des laboratoires de Sciences Humaines et Sociales dès 2008. Depuis, ce sont près de 80 projets détectés, 20 accompagnés et financés, de nombreux partenariats noués avec l’écosystème local, de jolis succés et un retour d’expérience certain en matière d’ingénierie et de marketing socio-économique de projets d’innovation non technologique.

Selon vous, quel est l’intérêt de la R&D sociale pour les acteurs socio-économiques ?

L’application du concept de R&D en matière sociale implique des parallèles entre innovation technologique et innovation sociale qui, malgré leurs vertus heuristiques, ont parfois tendance à créer des schémas mentaux restrictifs. Quotidiennement confrontée à l’expression de ces schémas, il faut dépasser toute tentation de raisonnement binaire car dans les faits, tout processus d’innovation emprunte des logiques évidemment très imbriquées.

C’est pourquoi je préfère parler d’innovation ou de R&D « globale ».

Pour les SHS, l’enjeu majeur réside dans leur capacité à produire un impact lisible et « mesurable » pour la sphère civile et les acteurs socio-économiques. En cela, la formalisation de leurs résultats de recherche en innovations, la « R&D sociale », est déterminante pour démontrer un potentiel encore largement insoupçonné. C’est d’ailleurs tout l’enjeu du Salon Innovatives SHS qui, depuis 2013, montre la diversité des innovations issues des laboratoires de recherche de SHS de l’hexagone. Les SATTs, largement représentées sur le Salon, s’inscrivent également dans cette dynamique en accompagnant des projets de R&D intégrant de plus en plus les SHS.

Chez PULSALYS, les projets SHS émanent encore souvent d’initiatives portées par les équipes de recherche, du fait d’un héritage encore très « techno push » (processus linéaire de développement de l’invention vers l’innovation), notamment en matière de détection des résultats au sein des laboratoires. Dans les faits néanmoins, nous avons de plus en plus naturellement des projets co-portés avec des partenaires socio-économiques ou les startups que nous accompagnons.

Les spécificités de la recherche en SHS, appliquée et impliquant de nombreuses parties prenantes, associées à une culture de l’innovation de plus en plus « itérative », « agile » créent des conditions favorables au déploiement de processus de R&D hybride. Les projets accompagnés par PULSALYS, qu’ils soient présentés par les laboratoires ou issus de demandes adressées directement par des partenaires socio- économiques ou des startups, sont le plus souvent accompagnés en co-développement afin :

1. d’optimiser l’adéquation des solutions proposées aux besoins et usages

2. faciliter leur transfert auprès des acteurs socio-économiques parties prenantes. Quelle que soit l’initiative, ils ont toujours pour origine l’identification d’une proposition de valeur lisible par les parties.

La recherche en SHS regroupe des domaines de spécialisation très variés qui peuvent trouver des applications pertinentes dans de nombreux secteurs comme le patrimoine, la culture et l’interculturalité, la santé, la dépendance et l’action sociale, l’environnement et le développement durable, l’emploi et les ressources humaines, le conseil en stratégie et organisation, etc., mais aussi de manière transverse comme par exemple en matière de communication, de gestion, d’analyse des usages...

En quoi la R&D sociale peut-elle aider les acteurs socio-économiques à innover ?

Une démarche de R&D « sociale » peut apporter différents types d’avantages aux acteurs socio- économiques.

L’apport le plus évident réside dans le processus d’innovation lui-même, en tentant de mieux comprendre les conditions d’usages des innovations afin d’adapter leurs fonctionnalités aux besoins. Dans la réalité néanmoins, c’est toujours dans le domaine de spécialisation que réside la proposition de valeur pour les acteurs socio-économiques et permet de co-développer des solutions innovantes.

En matière d’impact social, une démarche de R&D sociale permet d’optimiser la réponse à des besoins mal satisfaits et augmenter le niveau d’empowerment des bénéficiaires.

En matière d’impact socio-économique, on peut considérer la performance économique et le nombre d’emplois générés (directs/indirects), les coûts évités en matière de dépenses sociales (santé, emploi, logement, etc.), d’optimisation des services et de la dépense publique, si on raisonne en termes de circuit économique, ou encore d’autres effets positifs externes comme l’amélioration de la compétitivité, de l’attractivité d’une entreprise, d’un territoire, ou encore l’amélioration de conditions sociétales et environnementales.

Emilie Ribeiro

Chef de projets en Sciences Humaines et Sociales chez PULSALYS

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